vendredi 14 novembre 2008

Obstacles

Jeudi 6 novembre 2008

Ruisseau de Nanry

Ces dernières semaines nous avons encore passé quelques heures de travail sur le ruisseau afin de retirer les derniers bouchons et embâcles représentant une entrave au passage des poissons. Une bonne chose de faite car maintenant il n'y a plus d'obstacle à la montaison et dévalaison sur la Nanry depuis sa confluence avec la Lesse jusqu'à la confluence avec le ruisseau de Bobauchamps. Il reste toujours des passages potentiellement difficiles qui nécessitent un débit plus élevé.
Un exemple concret est la chute d'eau se trouvant à hauteur du déversoir de l'étang du Cruckay. Au mois de septembre nous avons aménagé un bassin d'élan au pied de cet obstacle et orienté le flux principal vers le côté droit de la chute afin de faciliter le franchissement. Une étude récente d'Ovidio et Philippart (Université de Liège) a démontré que les truites adultes franchissaient aisément une chute de 80 cm lorsque l'approche se faisait par un pool d'environ 35 cm de profondeur.
Le petit document vidéo ci-dessous illustre la situation en condition de débit normal.

mardi 21 octobre 2008

Mise en place de frayères artificielles


Samedi 11 Octobre 2008

Lors de l'inventaire piscicole du ruisseau de Village effectué en novembre 2007, plusieurs spécimens de truites fario (dont une femelle pleine d'œufs de 37 cm) ont été collectés en aval d'un obstacle franchissable dans la propriété du Château de Resteigne. Un des objectifs de notre travail de réhabilitation des ruisseaux comprend également la remise en état du substrat afin que des gravières propres et de granulométrie correcte soient à nouveau disponibles pour le frai des truites.
La situation actuelle de ce ruisseau comprend toujours un problème de contamination par le réseau d'égouttage et une charge sédimentaire importante. Eu égard de ces problèmes, la remontée de ces géniteurs potentiels nous a incités à tenter l'expérience de mise en place d'une frayère semi-artificielle directement en amont du site de capture. La mise à disposition d'un substrat adéquat dans un site proche de la confluence avec la Lesse représente la solution offrant le plus d'espoir de réussite de remise en route du processus de reproduction naturelle. De même, sur la partie aval du ruisseau de Nanri un site adéquat a été choisi pour établir une frayère du même type. Ce ruisseau, quasi exempt de pollution, présente un problème de colmatage du substrat à cause d'une charge sédimentaire importante.

La mise en place du modèle de frayère développé par J. –F. Rubin et al. (Fisheries Management and Ecology, 2004, 11, 15-22) sur des rivières suédoises pour la truite de mer et en Suisse pour la truite fario comprend les opérations suivantes:

1. Placement et stabilisation d'une poutre en bois sur toute la largeur du ruisseau (avec une lame d'eau plus importante au centre).

2. Formation d'un entonnoir composé de pierres de tailles variables pour rétrécir le chenal du ruisseau.
3. Placement d'une épaisseur de graviers de plus ou moins 15 cm sur 2 à 5 m2. Dans ce cas nous avons utilisé du gravier de Meuse 16-30 mm.



4. Mise en place en aval du barrage d'abris pour les géniteurs confectionnés à l'aide de planches en bois brut.


Une équipe de volontaires courageux ont chargé deux remorques de pierres dans la carrière de Resteigne pendant qu'une autre préparait les deux sites en posant des poutres de retenue. Sur le ruisseau de Village un travail préliminaire d’évacuation de boues sédimentaires fut nécessaire mais agrémenté de la capture accidentelle de trois petites fario un peu secouées que l'on a transférées vers l'amont (je vous disais bien qu'il y avait de l'espoir). Est venu ensuite la pose du gravier, un peu moins d'une tonne par site.
Des tronçons de plateau de dosse de chêne maintenus en place par des tiges de fer (pour pouvoir aussi monter et descendre en fonction du niveau d'eau) constitueront un abri idéal en aval du site pour les géniteurs en attendant les conditions idéales pour le frai.
Afin de vérifier la bonne oxygénation des lits de graviers nous enfouirons des bigoudis remplis d'œufs de truites fécondés dans ceux-ci et évaluerons le pourcentage de mortalité avant éclosion.
Je suis sûr que vous serez tous intéressés de savoir si nos frayères seront fréquentées durant la période d'automne –hiver à venir, on vous tient au courant c'est promis…
Encore merci à nos hôtes du jour qui nous ont ouvert les portes du domaine du Château de Resteigne et du Cruckay.




lundi 8 septembre 2008

Nettoyage du ruisseau de Nanry

Samedi 30 août 2008

Bonne nouvelle! La procédure administrative nécessaire pour obtenir les autorisations requises dans le cadre de notre projet de réhabilitation du ruisseau de Nanry étant terminée, nous avons pu samedi dernier entamer la première phase des travaux consistant au rétablissement de la connectivité entre différents segments de ruisseau.
Le tronçon de ruisseau qui attendait en urgence ce travail est situé en amont du domaine du Cruckay jusqu'à la confluence avec le ruisseau de Bobauchamps.

L'opération s'est bien déroulée avec 10 volontaires sur le terrain armés d'outils en tout genres (croc, cisaille, tronçonneuse, pioche, barre a mine) et des conditions météo estivales. Nous avons nettoyé environ 700 m de ruisseau et supprimé 3 ou 4 très gros bouchons. La majorité de ceux-ci ayant été causés par des clôtures arrachées présentes dans le lit du ruisseau. On a déjà tronçonné un volume important d'épines juste pour pouvoir accéder au ruisseau. Il nous reste un morceau de 300 m vers l'aval à nettoyer et le travail d'aménagement d'un bassin d'élan dans la propriété du Cruckay pour garantir le libre passage (montaison) sur toute la longueur du ruisseau.
Deux jours plus tard je suis retourné sur le secteur pour récupérer un outil égaré et ai été agréablement surpris de voir un martin pêcheur fréquenter les lieux et mon premier poisson sur ce secteur, une petite truite de l'année (5-6 cm). Il y a donc de l'espoir.
Etape suivante: élagage des épines surtout côté sud et abattage des aulnes malades et saules qui sont trop abimés.
Je tiens encore à remercier les volontaires qui ont participé à cette opération et notamment mes amis du RCCB (club de pêche) qui ont sacrifié quelques heures de pêche sur la Lhomme pour venir nous aider. Ceux qui étaient excusés seront invités à une petite séance de rattrapage pour continuer le travail et finaliser l'accès à 800 m de biotope potentiellement utilisable pour la reproduction des salmonidés.

Dans les prochaines semaines je vous tiendrai informés de nos travaux d'installation de deux frayères semi-artificielles sur ces ruisseaux dans des zones proches de leur confluence avec la Lesse.

Watch this space… and tight lines…










mercredi 3 septembre 2008

Resume - Objectifs pilotes


Ce projet vise à contribuer à la réhabilitation de deux ruisseaux situés à Resteigne afin qu'ils puissent d'une part soutenir une population de truites sauvages résidente et d'autre part offrir un biotope adéquat pour la fraie des salmonidés reproducteurs provenant de la Lesse.
Je coordonne ce projet au sein du Groupe de Travail "Zones Humides" du PCDN de Tellin.


Phase 1: Rétablissement de la connectivité entre différents segments de ruisseau

Une première étape dans la réhabilitation de ruisseaux frayères consiste au rétablissement de la connectivité entre différents segments de ruisseaux afin de permettre le mouvement saisonnier des populations de salmonidés. La fragmentation des biotopes causant l'isolation de populations sur des secteurs restreints a été identifiée comme une cause majeure de la disparition de celles-ci.
Dans une grande proportion de cas le morcellement de ruisseaux en segments isolés est du à la création d'obstacles physiques et barrages résultant d'un manque d'entretien prolongé. Les passages souterrains sous les chemins, les clôtures et les arbres morts ou déracinés sont des causes régulières de bouchons empêchant souvent à long terme la circulation des poissons.
De plus, on observe souvent d'autres conséquences associées tels qu'une modification substantielle du chenal et de ses dimensions ainsi que du régime hydraulique.


Phase 2: Elagage et entretien de la végétation rivulaire

L'élagage et l'entretien de la végétation rivulaire constituent un élément important et gérable du processus de réhabilitation. Ils permettent d'envisager la réalisation des objectifs suivants:

-) Permettre un apport de lumière dans le ruisseau afin de supprimer l'effet "tunnel" contribuant à une diminution de la densité de biomasse à la base de la chaine trophique (micro-organismes photosynthétiques et macro-invertébrés).
-) Contribuer à renforcer la stabilité des berges et atténuer la production de sédiments par érosion. L'apport de lumière favorisant le développement de la ripisylve, une protection plus efficace des sols de surface est assurée. La végétation aide à maintenir un chenal étroit, augmentant ainsi la vitesse du courant ainsi que la profondeur du ruisseau et générant ainsi des habitats adaptés à toutes les tranches d'âge de salmonidés grâce au nettoyage des lits de graviers et l'élimination de boues et sédiments.
-) L'apport de lumière permet la croissance de la végétation dans le lit du ruisseau et ainsi favorise la diversification des niches écologiques.
-) Une pelouse herbacée vigoureuse ainsi que des buissons de petite taille en bordure directe du ruisseau permettent aussi une couverture à la surface ainsi que par pénétration dans l'eau (trempage) assurant la création de refuges et caches pour les salmonidés juvéniles et reproducteurs. Ces refuges assurent une protection contre les prédateurs.
-) L'entretien des arbres assure le maintien d'un réseau étendu de racines qui contribuent au maintien des berges surtout dans les secteurs rapides ou sinueux plus vulnérables au phénomène d'érosion. L'élagage régulier (tous les 3 à 6 ans) favorise la repousse de boqueteaux couvrant la surface de l'eau tout en maintenant une couverture herbacée.

Phase 3: Création de frayères à salmonidés

Dans le cas où les zones frayères sont inexistantes ou ont été dégradées, différentes solutions peuvent être envisagées pour reconstituer des gravières utilisables pour la reproduction.
Si les zones de graviers sont disponibles mais celles-ci ont été compactées par l'accumulation de sédiments des opérations de nettoyage ou de désolidarisation du substrat par des moyens mécaniques permet de restaurer un milieu adéquat.
Si par contre une absence de graviers est notée, deux solutions principales sont envisageables:

1) la création de "pièges" à graviers (petits barrages en forme de V ou autres déflecteurs)
2) une adduction de graviers dans des sites propices à leur maintien en place.