lundi 23 novembre 2009

Prix Charles C. Ritz 2009


Excellente nouvelle. Le projet de conservation et réhabilitation de ruisseaux frayères que nous menons à Resteigne vient d'être récompensé par le Fario Club de Paris et s'est vu attribuer le Prix Charles Ritz 2009.

Le Prix Charles C. Ritz offre chaque année une récompense de 3000 euros à une personne physique ou une association qui a entrepris une action en faveur de la protection de l'eau, des poissons ou des rivières. Ce prix salue une initiative concrète de préservation de l'environnement en développant la capacité d’accueil de la truite Fario dans les cours d’eau et encourage le travail sur le terrain d'un candidat méritant.
Les trois grands objectifs du Prix sont: les actions à l’égard de la qualité de l’eau, les actions à l’égard de la pêche et les actions à l’égard de la formation des jeunes en faveur des deux premières.

Lors de la célébration des 75 ans du RCCB, j'ai eu l'opportunité d'exposer aux représentants du Fario Club la nature du projet que nous menons ici à Resteigne. Laurent Sainsot, Président du Fario Club, m'a proposé peu après d'envoyer un dossier de candidature à cette compétition. Ce prix représente une vraie reconnaissance du bien fondé de la démarche que nous avons entreprise pour la réhabilitation de nos ruisseaux. Cette belle récompense nous sera bien utile pour consolider nos actions en cours et en envisager d'autres encore plus ambitieuses.
Je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce projet et qui continuent à apporter leur support. Cette récompense est la votre également.

mardi 17 mars 2009

Journées Wallonnes de l'Eau 2009


Ce vendredi 6 mars 2009, dans le cadre des Journées Wallonnes de L'Eau, nous avons guidé les enfants de 4,5,6ième primaire de Resteigne le long du ruisseau de Nanri pour leur montrer sur le terrain certaines actions en cours pour notre projet.
Après un court briefing en classe pour leur rappeler les objectifs principaux de notre projet nous sommes allés voir les incubateurs "Jacuzzi pour truites" installés sur le ruisseau de Waity. Ceux-ci sont en passe de produire 10000 alevins de truite à vésicule résorbée destinés à reconstituer une population sur les secteurs de ruisseaux réhabilités.
Notre seconde étape et activité principale de la matinée a été basée sur un secteur du ruisseau de Nanri situé en amont du Village. Ce tronçon de 250m environ, en cours de réhabilitation, vient de subir sur une intervention centrée sur l'élagage de la végétation rivulaire dans le but de restaurer un chenal plus étroit et ainsi contrôler le problème d'érosion des sols et sédimentation. Un aspect très important de ce genre de projet réside dans le monitoring de l'évolution de la situation après intervention et mesure de l'impact sur le biotope de la truite dans son ensemble.
Les enfants nous ont aidés à définir 5 stations de mesure répertoriées sur une carte du site, à les photographier et procéder à l'inventaire de certains paramètres physiques du ruisseau. Ceux-ci comportaient notamment: largeur du chenal, largeur et profondeur d'eau, hauteur et recouvrement de berge, nature du substrat, degré de colmatage du substrat. Un inventaire grossier de la végétation rivulaire et de la biodiversité en invertébrés ont complété ces données. Cet inventaire initial nous permettra d'évaluer l'état de santé initial du biotope et de pouvoir comparer ces données aux mesures de contrôle qui seront effectuées sur base annuelle.




Au cours de cette opération nous avons également expliqué aux enfants l'utilité de différentes structures mises en place dans le ruisseau récemment. La mise en valeur de certains troncs et morceaux d'arbres issus de l'abatage de grumes sélectionnées ont permis l'installation de caches et refuges pour les alevins ainsi que la construction de déflecteurs pour le nettoyage de lits de graviers propices à la reproduction des poissons. Détail important, la performance de ces déflecteurs est optimale lorsqu' ils sont orientés vers l'amont alors qu'orientés vers l'aval ils contribuent à l'érosion des berges.





Un message important que nous avons transmis aux enfants est que ces travaux et structures contribueront à des lits de graviers bien aérés et exempts de sédiments où vont pouvoir se développer tout les organismes végétaux et animaux constituant une chaîne trophique complète (des diatomées jusqu'au martin pêcheur en passant par les macro-invertébrés et la truite).

PS. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ces structures et une approche pratique des projets de réhabilitation de l'habitat de la truite je recommande la lecture de l'ouvrage "Better trout habitat" de C. J. Hunter, Island Press.

mardi 27 janvier 2009

Projets pour 2009

Cet automne nous avons mis en place deux frayères semi-artificielles sur des sites proches de la confluence de nos ruisseaux avec la Lesse. Un suivi régulier a été effectué afin de vérifier le bon fonctionnement du système et aussi d'observer des indices révélant l'utilisation du lit de gravier par des géniteurs.
Sur le ruisseau de Village la pose de déflecteurs et une diminution de la lame d'eau s'est avérée nécessaire pour assurer le maintien d'une propreté minimum du lit de gravier. Aucun indice d'utilisation du lit de gravier n'a encore pu être observée, même si il est quasi sur que des poissons sont passes mi-novembre et plus tard aux alentours de la St Nicolas.
Sur la Nanri le système fonctionne très bien avec un lit de gravier propre sur la largeur de la lame d'eau. Une petite surélévation du niveau a été nécessaire en aval de la retenue pour assurer un niveau d'eau suffisant au niveau des refuges flottants. Apres avoir montré le site à 2-3 spécialistes on m'a confirme qu'un fond observé dans le lit ainsi que le dôme plus clair situe juste en aval sont des signes révélateurs d'une ponte par un couple de géniteurs. Ce dôme est observable juste en amont de la planche de retenue.
Voila donc une bonne nouvelle qui récompense notre travail et nous donne de l'espoir pour le futur. De plus, nous pouvons évaluer la possibilité de mettre en place d'autres lits de graviers sur des secteurs adjacents afin d'offrir plusieurs sites de frai potentiels.




Fin décembre nous avons tenu une réunion pour planifier les activités futures:
Un nouveau projet va pouvoir démarrer suite à l'octroi d'une autorisation officielle de la part du MET. Il concerne la reconnexion d'un secteur canalisé de ruisseau à son lit originel. Au point de confluence entre le ruisseau de Village (alimenté par le bassin d'orage) et le ruisseau de Waity, un ouvrage construit par le MET constitue une entrave à la montaison des salmonidés et interrompt ainsi la connectivité avec un biotope de grande qualité situé en amont.
L'ouvrage, constitué d'un plan incliné + chute (voir photo ci-dessus), se trouve au bout d'une portion du ruisseau de Waity canalisée où de plus le flux important et uniforme constitue une entrave supplémentaire.
Une analyse préliminaire sur le terrain a pu mettre en évidence la disponibilité du lit ancien du ruisseau et de son utilisation potentielle pour effectuer un by-pass du secteur canalisé ainsi que de l'ouvrage posant problème. Cette reconnexion impliquerait le creusement d'un chenal d'une dizaine de mètres entre le point de départ du secteur canalisé actuel et le lit ancien du ruisseau. Une obturation partielle par empierrement du canal permettrait toutefois son utilisation future comme déversoir / trop-plein en cas de crue importante.
Ces travaux seront précédés par une mise à blanc de la parcelle (épicéas) pour faciliter l'accès d'engins de génie civil, ce qui contribuera également au processus de réhabilitation du fond de vallée. Un relevé topographique du chenal originel permettra aussi de s'assurer de la fonctionnalité de celui-ci.
Cette opération devra s'accompagner d'une modification du passage souterrain du ruisseau sous le chemin du bois juste en amont. Un relevage du niveau d'eau dans le tuyau de même que le placement de plots en bêton restaureront un degré de sinuosité et créeront des aires de repos facilitant le franchissement sur ce tronçon (le débit approche la valeur limite de 1 m/sec sur une longueur de 50 m).


La seconde phase des travaux sur l'amont du ruisseau de Nanri a commencé.
Elle consiste en l'entretien de la ripisylve (élagage et abattage de certains arbres) et a pour but de contribuer à la restauration du chenal et au contrôle du processus de sédimentation. Cet apport de lumière sera aussi bénéfique pour la biodiversité du biotope.
Certains matériaux seront recyclés dans la fabrication et pose de déflecteurs ainsi que dans la stabilisation de secteurs de berge érodés. Une opération particulière consistera en l'essouchage d'un aulne dont le réseau racinaire constitue un obstacle difficilement franchissable (voir ci-dessus).
A cette époque de l'année nous entamons les préparatifs pour la production in situ d'une nouvelle génération d'alevins de truite fario à l'aide d'incubateurs installés sur l'amont du ruisseau de Waity. L'opération d'alevinage planifiée pour le printemps sur les deux ruisseaux contribuera à rétablir la population ainsi que la dynamique de reproduction entre la Lesse et ses ruisseaux frayères. Une description détaillée de ce projet fut publiée dans le cadre d'un article dans le Pêcheur Belge.
Le 6 mars 2009 nous participerons à la journée réservée aux écoles dans le cadre des Journées Wallonnes de l'Eau (organisation CR Lesse). Nous guiderons les enfants le long du ruisseau de Nanri pur leur expliquer, vous l'aurez deviné…l'intérêt de conserver et restaurer les ruisseaux frayères à truite.