jeudi 26 septembre 2013

Mise à la lumière de deux tronçons du ruisseau de Village

Ce projet vise à rouvrir deux tronçons actuellement souterrains et d’aménager un nouveau lit à ciel ouvert.  Cette réouverture a deux objectifs majeurs : le premier étant de rétablir la continuité écologique du cours d’eau et dans ce cas de doubler le linéaire accessible aux géniteurs provenant de la Lesse ; le second étant d’assurer un libre écoulement des eaux vu le risque réel de rupture de la canalisation existante.

Ayant reçu le soutien du gestionnaire du cours d’eau (Commune de Tellin) et un accord de principe de l’autorité compétente pour la gestion physique du cours d’eau (STP Province de Luxembourg), ce projet est entré dans une phase d’étude de faisabilité. 

Cette étude, effectuée par Mr Pierre Clément (ingénieur au STP Province de Luxembourg), confirme que ce projet est techniquement réalisable.  Les observations suivantes ont été établies :

-) Le nouveau lit sera implanté en partie sur terrains publics et en partie sur terrains privés.  Dans la partie amont, une bande étroite correspondant à l’ancien lit du cours d’eau est reprit sur terrain public au cadastre.
-) Le projet se situe dans une zone d’aléa d’inondation de valeur faible et la réimplantation du ruisseau à ciel ouvert ne causera aucun changement de cette valeur d’alinéa.

-) La canalisation existante sera maintenue et pourra servir de déversoir de crue moyennant certains aménagements particuliers.  Cette contribution ne sera pas prise en compte dans le dimensionnement du futur gabarit du cours d’eau, celui-ci devant potentiellement assumer seul les débits de crue.

-) Le nouveau lit du ruisseau devra à deux endroits distincts croiser une canalisation d’égouttage.  Vu la profondeur de celle-ci (3 m), la réimplantation du cours d’eau à ciel ouvert est possible.

-) Un relevé topographique détaillé des deux tronçons ainsi qu’une proposition d’implantation du nouveau lit et ses aménagements particuliers a été effectué.  Celui-ci peut être consulté via le lien suivant (format pdf téléchargeable) :


Les résultats de cette étude de faisabilité ont été communiqués aux riverains ce 25 septembre à la Commune de Tellin.  Des rencontres particulières seront organises ultérieurement avec certains riverains n’ayant pu y assister ou ayant des aménagements particuliers à discuter.
Après l’étude de faisabilité viendra l’élaboration d’un planning ainsi que les avis et engagements des autorités communales.  Suite à cela, une nouvelle rencontre avec les riverains sera organisée en vue d’obtenir une approbation définitive avec engagement (convention à l’amiable).

jeudi 4 juillet 2013

D’où provient l’alimentation continue en eau du bassin d’orage ?


Le bassin d’orage (BO) de Resteigne récolte par temps de pluie les eaux de ruissellement de l’autoroute E411.  Le trop-plein se déverse dans le ruisseau de Village qui est l’un des objets de notre projet de restauration de ruisseaux frayères.  Par temps sec et même en période d’étiage,  un apport d’eau continu est observé ce qui laissait sous-entendre une alimentation par une (ou des) sources.

Ne voyant pas l’intérêt que cet apport d’eau contribue à l’entrainement de polluants et sédiments accumules dans le BO, le CR Lesse a initié une demande au MET visant à l’investigation de ce phénomène.  Le but ultime étant bien sûr de pouvoir identifier la source et d’explorer les possibilités de la voir rejoindre le ruisseau en direct sans passer par le BO.  Il y a quelques jours une endoscopie du réseau d’égouttage a été effectuée à la demande du MET, nous y avons assisté.




L'apport continu d'eau au bassin d'orage a pu être identifie.  Il ne s'agit en fait pas d'une source ponctuelle mais bien d'une succession d'infiltrations d'eau réparties sur environ 200m dans un secteur proche du sommet de la cote de Resteigne.  Les infiltrations se font majoritairement dans les jonctions de tuyaux mais apparaissent aussi dans des fissures ou des trous pré-forés.  Ces infiltrations ont également entrainé la formation de concrétions calcaires qui à certains endroits empiètent jusqu'au tiers de la section du tuyau (empêchant même le passage camera à un endroit).  La présence de trous pré-forés (tous les 60 cm, 6 alignements) sur la majorité du tronçon exploré (400 m) indiquent que la pose des tuyaux a été compliquée par la présence d'eau dès la construction de l'autoroute, d’où la fonctionnalité en tant que tuyau drainant.  Selon l'opérateur de l'endoscopie et sa longue expérience sur le terrain, il n'a jamais examiné un tronçon aussi  endommagé par des infiltrations et concrétions.




Pour le problème qui nous occupe, dévier cet apport d'eau de l'alimentation du BO, ce constat n'est pas une bonne nouvelle. Le tuyau doit se trouver sur une couche géologique faisant partie de la nappe phréatique expliquant le tarissement partiel du captage d'eau ancien suite à la construction de l'autoroute.
Il est certain qu'une intervention  sur le secteur en question sera nécessaire, vu les passages partiellement obstrués par les concrétions de calcaire.

Comment résoudre ces problèmes relève de la compétence technique d’ingénieur des routes !!!
Il se pourrait que la solution comprenne le remplacement  des secteurs de tuyaux endommagés par un nouveau tronçon qui comprendrait un tuyau de drainage de part et d'autre de celui-ci afin de récolter les eaux qui s'infiltrent actuellement.  A la fin du secteur affecté par l'eau les drains seraient récupérés dans un tuyau indépendant de l'égouttage qui devrait passer dans le fossé et le ruisseau de Waiti qui coule en contrebas.  Si cela n’est pas possible il faudrait mettre le tuyau du drain à l'intérieur du tuyau de ruissellement et le faire sortir à la première opportunité mais pas dans le BO.

mardi 7 mai 2013

Inventaire

Evaluation de la diversité en macro-invertébrés dans le ruisseau de Village en amont et en aval du déversoir du bassin d’orage de Resteigne
Date : 05/05/2013
Stations de mesure :
1. Ruisseau de Waiti juste avant sa confluence avec le ruisseau de Village
2. Ruisseau de Village en amont du déversoir du bassin d’orage
3. Ruisseau de Village 75 m en aval du déversoir du bassin d’orage
Limnéphilidé aimant  les aiguilles d'épicea (haut) et Philopotamidé (bas)
Résultats et discussion
En amont de sa confluence avec le déversoir du bassin d’orage le ruisseau de Village présente une importante diversité en macro-invertébrés indicatrice de la bonne santé du biotope.  Plusieurs espèces très sensibles à la pollution y sont présentes notamment deux espèces de plécoptères et un bel éventail de larves de trichoptères à fourreau.  Ces espèces se retrouvent également pour la majorité dans un secteur du ruisseau de Waiti réhabilité en 2009 (retour dans lit originel).  Certaines espèces très sensibles d’éphémères (Genre Epeorus et  Ecdyonorus) y sont encore absentes mais ce fait est très probablement attribuable aux faibles débits d’étiages en été et l’absence de fosses plus profondes préférées par ces espèces.
Le secteur situé en directement en aval de la confluence avec le déversoir du bassin d’orage est apparu fort perturbé et il faut descendre au-delà de la confluence avec le ruisseau de Waiti pour retrouver une biodiversité restreinte.  Les seules espèces  présentes sont les baétidés, gammares et glossomatidés qui sont tolérantes à la pollution.  Il faut descendre à plus de 100 m de la confluence pour retrouver dans les secteurs à haut débit les premiers exemplaires d’heptagénéidés (Rhitrogena).  La disparition complète dans ce secteur des larves de plécoptères et de certains trichoptères à fourreau (notamment genre Stenophylax ou Potamophylax) indiquent l’existence d’un milieu moyennement perturbé.
Cet état est indéniablement dû à la pollution chimique et sédimentaire issue du bassin d’orage de l’autoroute E411.  Son curage parait urgent et des négociations allant dans ce sens sont en cours avec le MET.

Liste non-exhausitive des espèces inventoriées:

Ephémères: Baetidés, Heptagénéidés, Ephémérellidés

Trichoptères à fourreau: Glossomatidés, Goeridés, Limnéphilidés, Odontocéridés, Séricostomatidés
Trichoptères sans fourreau: Rhyacophilidés, Hydropsychidés, Philopotamidés
Plécoptères: Leuctridés,Némouridés
Autres: Gammaridés

mercredi 3 avril 2013

Etude scalimétrique

Lors de notre campagne d’inventaire des géniteurs migrants empruntant le Ruisseau de Village nous avons prélevé une douzaine d’échantillons d’écailles afin de récolter quelques informations sur l’historique de vie de ces poissons.
La majorité des échantillons analysés correspondent à des poissons  étant dans leur 4ième année ayant atteint une taille de 25 à 30 cm.  Quelques sujets de près de  3 ans et mesurant entre 18 et 22 cm ont également été observés.  L’étude scalimétrique a permis d’évaluer de manière empirique la taille et le degré de croissance atteint au terme de chaque hiver.  Dans cet échantillon de 12 sujets il apparait que la majorité (10) des poissons a une croissance plus importante au cours de leur troisième année.  Les deux plus grands sujets étudiés (mâle et femelle de 29,5 cm) se démarquent de cette observation en montrant une croissance plus importante dès leur deuxième année, ce qui pourrait expliquer leur taille plus importante à bientôt 4 ans.   

L’identification de ‘circulis’ (anneaux concentriques similaires aux rayons médullaires)  plus nombreux et plus espacés durant la période d’été, témoignant de cette croissance accélérée, correspond en réalité à la période suivant la transition du ruisseau vers la rivière principale.  Ainsi, la majorité des truites semblent quitter le ruisseau de Village après deux étés pour rejoindre la Lesse beaucoup plus riche en nourriture et postes.  Par contre les deux sujets les plus grands ont fait le choix (opportuniste ou forcé, les avis divergent) de quitter plus tôt le ruisseau et de profiter plus rapidement de ces conditions plus favorables.  On ne peut  exclure également que ces deux poissons soient nés dans la rivière car certaines truites choisissent de se reproduire dans la Lesse.
Les écailles de deux poissons montrent également une bande plus foncée et fort irrégulière au cours du troisième hiver suggérant une activité de reproduction (SM, spawning marks).  Conséquence de la migration, creusement des nids de ponte et absorption partielle des écailles en période de frai (et de jeune) une dégradation superficielle des écailles est observée.
Ces observations et conclusions restent préliminaires en attendant de récolter plus d’échantillons et une analyse plus poussée par un spécialiste, Kenny Galt, de la Tweed Foundation en Ecosse.

Nomenclature 
-) 2.1+C : poisson dans sa  IVème année ayant migré dans la Lesse après 2 étés dans le Ruisseau de Village (C = ‘closed’, croissance et alimentation interrompue).
-) 1.2+C : poisson dans sa  IVème année ayant migré dans la Lesse après 1 été dans le Ruisseau de Village.
-) 2.+C : poisson dans sa  IIIème année ayant migré dans la Lesse après 2 étés dans le Ruisseau de Village.

jeudi 14 février 2013

Piège du ruisseau de Village – Etude des géniteurs migrants 2012


La dynamique de migration de géniteurs provenant de la Lesse dans le ruisseau de Village a été confirmée lors de cette campagne d’inventaire.  Hormis les remontées de juvéniles (0+) ou de quelques poissons ‘éclaireurs’ début novembre, les captures dans le piège se sont étalées presque linéairement sur la période piégeage novembre – décembre avec deux périodes significatives : 8-29/11 (plus importante) et 10 – 20 /12 (moins importante).  Il n’y a donc pas de vrai pic de remontée identifiable mais bien une progression lente répartie sur presque 7 semaines.  Il est à noter qu’un poisson est passé dans le piège à deux reprises et que deux sujets observés dans le piège ont réussi à sortir de la cage au cours de la nuit (voir photo ci-dessous).
Le nombre de géniteurs comptabilisés (23) est en net retrait (- 50 %) par rapport à 2011.  Un nombre important (8) de juvéniles 0+ reflète la bonne reproduction en  2011.  Une carence de truites femelles matures (5/15) est observée dans la population de poissons adultes inventoriés (15) impliquant une contribution faible à la reproduction (fécondité absolue environ 2000 œufs).

Etant donné que cette campagne de piégeage ne constitue que la deuxième édition, il n’existe que peu de données comparatives permettant de faire un constat fiable quant aux résultats obtenus.
Néanmoins, certains facteurs doivent être pris en considération :
-) Les résultats de piégeage sur le Ry de Chicheron et Franc-Ry sont selon nos informations (communication personnelle) en net retrait par rapport à 2011 avec une diminution de plus de 30%.  D’après d’autres sources (B. Chermane), le nombre de géniteurs capturés dans les affluents de la Vesdre était aussi en diminution par rapport à la moyenne.
-) Selon la littérature, la truite ne se reproduit pas tous les ans et des périodes de récupération sont souvent observées entre deux fraies.
-) En juin 2011, une fraction de la population du ruisseau de Village a été décimée par un incident hydraulique ayant entrainé une perte quasi complète du débit et causé ainsi la mort de beaucoup de poissons par asphyxie et choc thermique.  Ces sujets, pour la majorité d’âge 0 + et 1+, auraient pu constituer une partie de la population de géniteurs migrants en 2012.
-) L’incidence de prédation par les hérons, toujours existante, n’a pas paru accrue en 2012.
La tendance de diminution par rapport à 2011 ayant été observée sur d’autres rivières wallonnes, l’hypothèse d’un facteur environnemental défavorable semble la plus plausible (saison 2012 très pluvieuse et diminution remarquée de l’abondance d’éclosions de macro-invertébrés influençant la condition et survie des truites ?).


jeudi 31 janvier 2013

‘Daylighting’: Mise à la lumière de secteurs de ruisseaux circulant dans des pertuis souterrains

Depuis le début du 20ième siècle et l’avènement de développements urbains ou industriels beaucoup de ruisseaux ont été placés dans des aqueducs ou tuyaux en béton souterrains.  Dans certains cas, notamment dans les environnements ruraux, la justification de ce processus était d’ordre sanitaire (ruisseau servant d’égout) ou représentait un moyen de contrôle des inondations.  L’effet du temps sur ces infrastructures fait que maintenant les gestionnaires de celles-ci se retrouvent devant un choix délicat : remplacer indéfiniment les conduits endommagés ou opter pour une remise en place de secteurs en voie aérienne.  A l’exception de situations où il y a nécessité d’expropriation de bâtiments ou de modifications de réseaux routiers, la mise à la lumière est la solution la plus efficace et la plus économique.  Le rapport coût / bénéfices est souvent limité à une comparaison avec un remplacement du réseau souterrain (en moyenne 5x plus coûteux) alors qu’une mise à la lumière offre de nombreux bénéfices supplémentaires :
-) Hydrologie : La mise à l’air et reconstitution d’un chenal naturel réduit l’incidence et la magnitude des inondations en milieu urbain car cette opération augmente la capacité hydraulique, réduit la vitesse du courant ainsi que l’impact de l’érosion.
-) Ecologie : Les bénéfices immédiats sont une opportunité de reconnexion de biotopes isolés et une possibilité de franchissement pour les poissons lors des migrations saisonnières.  Le bilan écologique global (végétation, insectes aquatiques et poissons) est mesurable moins de 5 ans après la fin des travaux.
-) Cadre de vie : La reconstitution du chenal naturel d’un ruisseau ainsi que les aménagements annexes (végétation, aire de repos) représente une amélioration du cadre de vie aussi bien au niveau esthétique qu’environnemental et contribue ainsi indirectement par exemple à la valeur immobilière des bâtiments riverains.
-) Education : Ce genre de projet constitue une opportunité unique de participation citoyenne et en particulier des enfants des écoles environnantes.  Cette participation peut s’étendre aux travaux d’aménagement, de plantations et de monitoring de la reconstitution du biotope… de quoi sensibiliser cette tranche de la population et pourquoi-pas inciter des vocations…
A Resteigne, sur le cours du ruisseau de Village deux opportunités de mise  à la lumière se présentent :
-) Le premier secteur souterrain rencontré en remontant de l’aval, d’une longueur de 100 m environ, est situé en accotement le long de la voirie et en bordure d’une zone de pâture et jardins.
-) Le second secteur, beaucoup plus long ne présente qu’une opportunité partielle de mise à la lumière du ruisseau notamment sur un tronçon où il s’avère qu’une dizaine de mètres de tuyau en béton menace de s’effondrer et où une intervention s’avère donc urgente… Ce tronçon est localisé dans une zone de jardins.
L’expérience acquise lors de nos travaux  de remise en place d’un tronçon du ruisseau de Waiti dans son lit originel nous a montré qu’une opération de ce genre est réalisable.  La perspective de pouvoir recréer un biotope complet là où un tuyau en béton ne laissait aucune perspective de développement de vie est très motivante et représenterait à nos yeux une des meilleures opportunités d’investir la récompense du Prix Inbev Baillet Latour 2012.
Intéressé par ce concept ?  Envie d’en savoir plus ?
-) Virginia Water Research Center : Urban Stream Daylighting Case Study Evaluations.  Virginia Polytechnic Institute and State University, 2007:
-) Daylighting: New life for buried streams; Richard Pinkham, Rocky Mountain Institute, Old Snowmass, Colorado, 2000:
-) Quelques images du village de Jedburgh dans la vallée de la Tweed en Ecosse lorsque un pertuis emprunte par le ruisseau local s'est bouche et le ruisseau a  emprunte la rue principale du village (inondations en aout 2012) :