Depuis le début du 20ième siècle et l’avènement de développements urbains ou industriels beaucoup de ruisseaux ont été placés dans des aqueducs ou tuyaux en béton souterrains. Dans certains cas, notamment dans les environnements ruraux, la justification de ce processus était d’ordre sanitaire (ruisseau servant d’égout) ou représentait un moyen de contrôle des inondations. L’effet du temps sur ces infrastructures fait que maintenant les gestionnaires de celles-ci se retrouvent devant un choix délicat : remplacer indéfiniment les conduits endommagés ou opter pour une remise en place de secteurs en voie aérienne. A l’exception de situations où il y a nécessité d’expropriation de bâtiments ou de modifications de réseaux routiers, la mise à la lumière est la solution la plus efficace et la plus économique. Le rapport coût / bénéfices est souvent limité à une comparaison avec un remplacement du réseau souterrain (en moyenne 5x plus coûteux) alors qu’une mise à la lumière offre de nombreux bénéfices supplémentaires :
-) Hydrologie : La mise à l’air et reconstitution d’un chenal naturel réduit l’incidence et la magnitude des inondations en milieu urbain car cette opération augmente la capacité hydraulique, réduit la vitesse du courant ainsi que l’impact de l’érosion.
-) Ecologie : Les bénéfices immédiats sont une opportunité de reconnexion de biotopes isolés et une possibilité de franchissement pour les poissons lors des migrations saisonnières. Le bilan écologique global (végétation, insectes aquatiques et poissons) est mesurable moins de 5 ans après la fin des travaux.
-) Cadre de vie : La reconstitution du chenal naturel d’un ruisseau ainsi que les aménagements annexes (végétation, aire de repos) représente une amélioration du cadre de vie aussi bien au niveau esthétique qu’environnemental et contribue ainsi indirectement par exemple à la valeur immobilière des bâtiments riverains.
-) Education : Ce genre de projet constitue une opportunité unique de participation citoyenne et en particulier des enfants des écoles environnantes. Cette participation peut s’étendre aux travaux d’aménagement, de plantations et de monitoring de la reconstitution du biotope… de quoi sensibiliser cette tranche de la population et pourquoi-pas inciter des vocations…
A Resteigne, sur le cours du ruisseau de Village deux opportunités de mise à la lumière se présentent :
-) Le premier secteur souterrain rencontré en remontant de l’aval, d’une longueur de 100 m environ, est situé en accotement le long de la voirie et en bordure d’une zone de pâture et jardins.
-) Le second secteur, beaucoup plus long ne présente qu’une opportunité partielle de mise à la lumière du ruisseau notamment sur un tronçon où il s’avère qu’une dizaine de mètres de tuyau en béton menace de s’effondrer et où une intervention s’avère donc urgente… Ce tronçon est localisé dans une zone de jardins.
L’expérience acquise lors de nos travaux de remise en place d’un tronçon du ruisseau de Waiti dans son lit originel nous a montré qu’une opération de ce genre est réalisable. La perspective de pouvoir recréer un biotope complet là où un tuyau en béton ne laissait aucune perspective de développement de vie est très motivante et représenterait à nos yeux une des meilleures opportunités d’investir la récompense du Prix Inbev Baillet Latour 2012.
Intéressé par ce concept ? Envie d’en savoir plus ?
-) Virginia Water Research Center : Urban Stream Daylighting Case Study Evaluations. Virginia Polytechnic Institute and State University, 2007:
-) Daylighting: New life for buried streams; Richard Pinkham, Rocky Mountain Institute, Old Snowmass, Colorado, 2000:
-) Quelques images du village de Jedburgh dans la vallée de la Tweed en Ecosse lorsque un pertuis emprunte par le ruisseau local s'est bouche et le ruisseau a emprunte la rue principale du village (inondations en aout 2012) :
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