mercredi 3 avril 2013

Etude scalimétrique

Lors de notre campagne d’inventaire des géniteurs migrants empruntant le Ruisseau de Village nous avons prélevé une douzaine d’échantillons d’écailles afin de récolter quelques informations sur l’historique de vie de ces poissons.
La majorité des échantillons analysés correspondent à des poissons  étant dans leur 4ième année ayant atteint une taille de 25 à 30 cm.  Quelques sujets de près de  3 ans et mesurant entre 18 et 22 cm ont également été observés.  L’étude scalimétrique a permis d’évaluer de manière empirique la taille et le degré de croissance atteint au terme de chaque hiver.  Dans cet échantillon de 12 sujets il apparait que la majorité (10) des poissons a une croissance plus importante au cours de leur troisième année.  Les deux plus grands sujets étudiés (mâle et femelle de 29,5 cm) se démarquent de cette observation en montrant une croissance plus importante dès leur deuxième année, ce qui pourrait expliquer leur taille plus importante à bientôt 4 ans.   

L’identification de ‘circulis’ (anneaux concentriques similaires aux rayons médullaires)  plus nombreux et plus espacés durant la période d’été, témoignant de cette croissance accélérée, correspond en réalité à la période suivant la transition du ruisseau vers la rivière principale.  Ainsi, la majorité des truites semblent quitter le ruisseau de Village après deux étés pour rejoindre la Lesse beaucoup plus riche en nourriture et postes.  Par contre les deux sujets les plus grands ont fait le choix (opportuniste ou forcé, les avis divergent) de quitter plus tôt le ruisseau et de profiter plus rapidement de ces conditions plus favorables.  On ne peut  exclure également que ces deux poissons soient nés dans la rivière car certaines truites choisissent de se reproduire dans la Lesse.
Les écailles de deux poissons montrent également une bande plus foncée et fort irrégulière au cours du troisième hiver suggérant une activité de reproduction (SM, spawning marks).  Conséquence de la migration, creusement des nids de ponte et absorption partielle des écailles en période de frai (et de jeune) une dégradation superficielle des écailles est observée.
Ces observations et conclusions restent préliminaires en attendant de récolter plus d’échantillons et une analyse plus poussée par un spécialiste, Kenny Galt, de la Tweed Foundation en Ecosse.

Nomenclature 
-) 2.1+C : poisson dans sa  IVème année ayant migré dans la Lesse après 2 étés dans le Ruisseau de Village (C = ‘closed’, croissance et alimentation interrompue).
-) 1.2+C : poisson dans sa  IVème année ayant migré dans la Lesse après 1 été dans le Ruisseau de Village.
-) 2.+C : poisson dans sa  IIIème année ayant migré dans la Lesse après 2 étés dans le Ruisseau de Village.

jeudi 14 février 2013

Piège du ruisseau de Village – Etude des géniteurs migrants 2012


La dynamique de migration de géniteurs provenant de la Lesse dans le ruisseau de Village a été confirmée lors de cette campagne d’inventaire.  Hormis les remontées de juvéniles (0+) ou de quelques poissons ‘éclaireurs’ début novembre, les captures dans le piège se sont étalées presque linéairement sur la période piégeage novembre – décembre avec deux périodes significatives : 8-29/11 (plus importante) et 10 – 20 /12 (moins importante).  Il n’y a donc pas de vrai pic de remontée identifiable mais bien une progression lente répartie sur presque 7 semaines.  Il est à noter qu’un poisson est passé dans le piège à deux reprises et que deux sujets observés dans le piège ont réussi à sortir de la cage au cours de la nuit (voir photo ci-dessous).
Le nombre de géniteurs comptabilisés (23) est en net retrait (- 50 %) par rapport à 2011.  Un nombre important (8) de juvéniles 0+ reflète la bonne reproduction en  2011.  Une carence de truites femelles matures (5/15) est observée dans la population de poissons adultes inventoriés (15) impliquant une contribution faible à la reproduction (fécondité absolue environ 2000 œufs).

Etant donné que cette campagne de piégeage ne constitue que la deuxième édition, il n’existe que peu de données comparatives permettant de faire un constat fiable quant aux résultats obtenus.
Néanmoins, certains facteurs doivent être pris en considération :
-) Les résultats de piégeage sur le Ry de Chicheron et Franc-Ry sont selon nos informations (communication personnelle) en net retrait par rapport à 2011 avec une diminution de plus de 30%.  D’après d’autres sources (B. Chermane), le nombre de géniteurs capturés dans les affluents de la Vesdre était aussi en diminution par rapport à la moyenne.
-) Selon la littérature, la truite ne se reproduit pas tous les ans et des périodes de récupération sont souvent observées entre deux fraies.
-) En juin 2011, une fraction de la population du ruisseau de Village a été décimée par un incident hydraulique ayant entrainé une perte quasi complète du débit et causé ainsi la mort de beaucoup de poissons par asphyxie et choc thermique.  Ces sujets, pour la majorité d’âge 0 + et 1+, auraient pu constituer une partie de la population de géniteurs migrants en 2012.
-) L’incidence de prédation par les hérons, toujours existante, n’a pas paru accrue en 2012.
La tendance de diminution par rapport à 2011 ayant été observée sur d’autres rivières wallonnes, l’hypothèse d’un facteur environnemental défavorable semble la plus plausible (saison 2012 très pluvieuse et diminution remarquée de l’abondance d’éclosions de macro-invertébrés influençant la condition et survie des truites ?).