Il y a plusieurs décennies un grand étang a été aménagé dans le domaine du Cruckay. Son alimentation en eau se fait majoritairement par le captage de sources avoisinantes et dans une moindre mesure par la déviation d’une partie du flux du ruisseau de Nanri. Pour laisser place à cet étang le cours du ruisseau a été déplacé dans un chenal adjacent, se prolongeant même après la sortie de l’étang sur environ 200 m. Lors d’une crue importante en 2010 l’étang a débordé et cette eau a rejoint l’ancien cours du ruisseau, mettant à jour son lit originel et ses lits de graviers.
-) La reconnexion du ruisseau à son lit implique une déviation orientée à 45 degrés par rapport à la direction actuelle du cours et la mise en place d’un pertuis rectangulaire en béton (L ± 5 m) pour le passage sous la drève. La déviation impliquera un renforcement de berge et l’utilisation probable de gabions. Un risque non négligeable existe de destruction de ce barrage et chenal de déviation en cas de très forte crue. Les conséquences pourraient être sérieuses en cas d’inondation de par les dégâts occasionnés par les eaux et de par la rupture d’alimentation en eau dans l’ancien chenal restauré.
Suite à cet évènement nous nous sommes interrogés sur la pertinence et les avantages à éventuellement remettre le ruisseau dans son lit ancien. Les avis étant partagés il faut analyser en détail les arguments pour ou contre cette opération :
POUR
-) L’ancien lit existe et est exploitable. Y remettre le ruisseau permettrait une restauration de la situation originelle.
-) Le cours de l’ancien lit est varié (méandres) et son substrat naturel est de qualité (graviers de granulométrie variée) – Par contre le nouveau lit est surtout constitué de plaques schisteuses et présente une carence de graviers exacerbée par une longue interruption du transport physique (barrage ; récemment enlevé).
-) L’ancien lit est localisé de l’autre côté de la drève et se trouve ainsi plus près de la lisière où une plus grande quantité de lumière est disponible pour la végétation rivulaire et le développement de macrophytes – Par contre le nouveau lit a une configuration anormale avec des berges escarpées et surtout prônes aux phénomènes d’érosion.
-) Le coût de la reconnexion au lit originel est assumé par le propriétaire.
CONTRE
-) Le transfert du ruisseau du nouveau vers l’ancien lit entrainera une rupture temporaire du cycle biologique, étant donné qu’il est impossible de transférer en même temps l’intégralité des composantes de la faune biologique du ruisseau (macro-invertébrés et poissons).
-) Il est probablement possible de continuer à augmenter la capacité d’accueil du ruisseau dans son nouveau lit en procédant à des aménagements tels que frayères semi-artificielles.
Les avis étant partagés, la décision de remettre oui ou non le ruisseau de Nanri dans son lit originel sur ce tronçon de 200 m se fera après consultation de tous les partenaires au sein de ce projet. Votre opinion est aussi la bienvenue et vous pouvez formuler un commentaire ci-dessous.
6 commentaires:
Le retour à la situation originelle étant indéniablement une bonne chose, je pense qu'il faut surtout chercher à en minimiser (voire annuler) les inconvénients lorsque c'est possible.
Ou, quand cela ne l'est pas, à mettre en balance ces inconvénients (souvent ponctuels) avec les avantages que celà apporterait sur le long terme.
1) Le risque de destruction du barrage et du chenal.
Là, et même si le risque 0 n'existe pas, il "suffirait" de prévoir ce barrage et cette déviation suffisamment costauds et larges (notamment pour le pertuis) que pour supporter et absorber de fortes crues.
Question : Ne pourrait-on pas envisager que le lit actuel puisse faire office de trop-plein ?
De toute façon, il faut bien se dire que de très fortes crues occasionneraient aussi (et occasionnent parfois déjà) de sérieux dégâts aux aménagements effectués sur le nouveau lit pour le rendre "viable" (frayères semi-artificielles, etc).
Avec les conséquences que l'on connait sur le frais des poissons.
2) La rupture temporaire du cycle biologique.
Elle est inévitable, en effet.
Mais on devrait pouvoir en minimiser les conséquences en programmant les travaux au "moins mauvais" moment.
Et si c'est pour aller vers un mieux à long terme, je crois que cela en vaut la peine.
On a d'ailleurs vu, avec les travaux effectués sur le Waiti que la nature ne tardait pas à reprendre ses droits.
Alors que là, le cycle biologique y avait été interrompu pendant des dizaines d'années.
3) La possibilité d'augmenter encore la capacité d'accueil du nouveau lit.
C'est probablement, et même sûrement possible, effectivement.
Ici aussi, les quelques travaux déjà effectués en ont fait la preuve.
Et il faudrait bien s'y résoudre si la proposition de restauration du lit originel devait être écartée.
Mais à mon avis, on risque d'en atteindre assez vite les limites.
Ne serait-ce que par la trop forte déclivité et la rectitude (manque de méandres) du lit actuel.
Des facteurs très importants et même déterminants qui, comme dit plus haut, font que les différents aménagements qui y sont (ou y seraient encore) effectués sont sans cesse à recommencer.
Ou à tout le moins, difficiles à entretenir.
Et cela, même après des crues "normales".
En conclusion, je pense que oui, la remise du ruisseau dans son lit originel est la meilleure solution à long terme.
Bien à tous,
Philippe
Je me pose les questions suivantes:
-Quel sera le coût de ces travaux(même si le propriétaire paie) ? et la durée?
-Y aura-t-il des dégâts collatéraux(abattages d'arbres...) outre ceux évoqués par Luc?
-Le substrat,le peu de lumière...montrent-ils1)une
montaison2)une ponte3)un développement des
alevins moindres?
-une cage de capture ne donnerait-elle pas des
renseignements notamment sur le point 1) ?
Ceserait peut-être utile de faire une étude comparative avec le ruisseau du village,si proche.
-Ce changement de lit amènera-t-il un chgt significatif sur la population de truites dans la Lesse?
-Peut-être serait-il "plus raisonnable"d'améliorer
par //aménagements le lit actuel(moins ""lourds""
qu'une reconnexion.
Amitiés.André
Salut à tous,
En réponse au message d'André Lambeau, je voudrais faire l'un ou l'autre commentaires.
1)"Quel sera le coût de ces travaux(même si le propriétaire paie)?"
Cette question est évidemment importante.
Et cela, peut importe qui va payer (en tout ou en partie).
Mais la question est avant tout de chercher à savoir dans quelle mesure ces travaux pourraient être profitables.
A l'un comme aux autres.
2)"Et la durée?"
C'est assurément un facteur dont il faut tenir compte.
Mais ici aussi, la durée de ces éventuels travaux doit être évaluée en fonction des avantages qu'ils pourraient offrir sur le long terme.
3)"Y aura-t-il des dégâts collatéraux(abattages d'arbres...)?"
Peut-être. Mais cela ne demandera sûrement pas d'abattre une forêt.
Et puis des arbres, on en coupe depuis la nuit des temps. Et ça repousse toujours... si on les laisse faire.
Par contre, les ruisseaux ressautent rarement tout seul dans un lit dont on n'aurait jamais du les détourner... ;-)
4)"Le substrat,le peu de lumière...montrent-ils une montaison, une ponte, un développement des alevins moindres?
Une cage de capture ne donnerait-elle pas des
renseignements... ?"
Des renseignements sûrement.
Mais pour les comparer à quoi ?
Puisqu'on ne dispose pas de telles données lorsque le ruisseau était dans son lit originel.
5)"Ce changement de lit amènera-t-il un chgt significatif sur la population de truites dans la Lesse?"
Personne (et sûrement pas Luc) ne saurait avoir la prétention de pouvoir l'affirmer.
Mais ce qui est sûr, c'est que ça ne pourrait pas être significativement pire.
Les populations de truites naturelles dépendant essentiellement (et forcément) de la qualité des sites de reproduction auxquels elles ont accès.
6)Peut-être serait-il "plus raisonnable" d'améliorer
par //aménagements le lit actuel(moins ""lourds"") qu'une reconnexion.
"Plus raisonnable" ?
Je n'en suis pas si sûr.
Et pas sur le long terme encore une fois.
Ce qui aurait été "raisonnable", c'eût été de ne jamais dévier ce ruisseau de son cours naturel pour créer un étang qui ne l'est toujours pas (naturel).
Mais le mal est fait. Et on ne peut en vouloir à personne.
Et sûrement pas au propriétaire des lieux actuel qui propose de participer aux frais.
Alors je crois que ce projet de remettre le ruisseau de Nanri dans son lit originel est tout... sauf déraisonnable.
D'autant plus que nous savons maintenant qu'il y a des gens, Luc et ses amis, qui ont l'énergie et le know-how pour assurer ce genre d'entreprise.
C'est se priver de ça aujourd'hui, qui ne serait pas raisonnable.
A mon avis en tout cas...
Bien à tous,
Philippe
Suite Phil lambrette-A.Lambeau
A partir de certains commentaires que j',ai entendus,
je me suis fait un peu l'avocat des "contre":mieux vaut en parler avant qu'après...
.
Point4.Je me demande,mais peut-être suis-je le seul,si lors de la remontée,il y a une attractivité
plus grande pour un des 2 ruisseaux qui,près de la
confluence,sont si proches.
Mais il faut piéger pour pouvoir comparer et je serais "gonflé" d'imposer cela aux amis alors que
je ne suis pas souvent sur place.
Je m'interroge encore sur l'influence négative de
ces quelque cent mètres.
Conclusion:personne n'est capable de dire avec
certitude si "le jeu en vaut la chandelle".
A voir aussi dans le planning 2013 quelles sont
les actions à effectuer en priorité.
Mais,bien entendu,si c'est "oui",j'en serai.
Amicalement.André
C'est vrai André.
Il vaut toujours mieux envisager les "contre", et ne pas les sous-évaluer, avant de se lancer dans ce genre de travaux.
Mais ce que je voudrais faire remarquer, c'est que si on ne les fait pas, on se prive de facto de pouvoir en mesurer les "pour"... après.
Comme vous dites, "personne n'est capable de dire avec certitude si le jeu en vaut chandelle".
Mais ce qui est sûr, c'est qu'on n'en saura pas plus en ne le faisant pas.
Ce que je veux dire, c'est qu'à mon avis on ne risque pas grand chose.
La situation pouvant difficilement être pire après qu'avant.
Par contre, et même si je ne dispose d'aucune donnée et/ou savoir scientifique particulier, je crois que tout ce qu'on risque c'est d'être très agréablement surpris.
Comme nous l'avons été jusqu'ici par les différents aménagements que Luc et ses amis ont entrepris.
Et si ça ne devait pas être le cas, ce dont je doute, il en resterait au moins l'expérience.
Et ça, ça n'a pas de prix.
Bien à vous André et à tous,
Philippe
Après mure réflexion et avoir consulté divers spécialistes il a été décidé de ne pas déplacer le ruisseau mais de continuer les aménagements contribuant à augmenter sa capacité d’accueil pour la truite fario, notamment par l’aménagement de lits de graviers propices à la reproduction.
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