jeudi 11 novembre 2010

Ruisseau de Waiti – Restauration de la connectivité

Lors des réunions avec le MET pour discuter du projet de réhabilitation du ruisseau de Waiti (i.e. restauration du lit ancien), il était vite apparu que ce travail ne serait pas complet sans la mise en place d'un système de franchissement du pertuis passant sous le chemin du bois. Ce tuyau en béton d'une longueur de 25 m présente une pente assez forte et une vitesse de courant supérieure à 1m/sec en période de crue. Bref des conditions plutôt sévères pour envisager une possibilité de franchissement par des poissons en phase de montaison. De plus le tronçon de ruisseau situé en amont, longeant les anciennes poubelles de Resteigne, présente un substrat de qualité et un biotope intéressant pour les juvéniles (abondance de nourriture et de caches).
Selon des témoignages de chasseurs locaux, les dernières observations de truites en activité de frai sur ce secteur amont remontent à une dizaine d'années. Ce qui selon mes observations personnelles correspond également à un évènement exceptionnel au cours duquel le ruisseau est sorti de son lit et a franchi le chemin forestier par voie aérienne car le pertuis était bouché par des débris importants.


C'est en lisant une présentation de Andy Thomas du Wild Trout Trust intitulée "Making the connection, joining up trout populations the cheap and easy way" que j'ai découvert une photo illustrant un système de déflecteurs en bois fixés dans un pertuis en béton similaire à celui présent sur notre ruisseau. Renseignements pris auprès de l'auteur, ce système a en fait été installé par Dave Charlesworth (Environment Agency Wales) sur un ruisseau au Pays de Galles.

Inspirés par ce système nous avons simplifié la conception en travaillant avec des déflecteurs en bois en forme de demi-lune comportant une entaille en U au milieu pour concentrer le flux. Comme matière première nous avons également utilisé du chêne sous la forme de dosses en 50 mm d'épaisseur. Moyennant l'utilisation d'un gabarit reproduisant la courbure du tuyau et une bonne scie sauteuse, la fabrication est facile. Plus délicate est la fixation a l'aide de vis spéciales pour béton car il faut pré-forer des trous de 7.5 mm et sans alimentation il faut utiliser du matériel électroportatif. Pour cet exercice là, il a fallu faire confiance à du matériel robuste fabriqué au Liechtenstein, merci pour le prêt Hugues. Un déflecteur placé dans chaque section de tuyau, environ tout les 2 m, permet la formation de bassins intermédiaires et devrait faciliter le franchissement en période de débit normal (faible débit d'étiage sur la photo). Grâce également au transport physique dans le ruisseau, ces bassins devraient se combler graduellement de graviers et aussi améliorer l'étanchéité des déflecteurs.




1 commentaire:

Benichou a dit…

Bravo mille fois bravo Luc.
Ces deflecteurs sont une veritable oeuvre d'art !
Difficile de dire s'il s'agit "d'ensauvagenent" du beton ou de "techocratisation" du ruisseau.
Je crois votre oeuvre recevra bientot la visite de curieux totalement ignorants de son usage mais fascines par sa conception.
C'est magnifique.